Apprendre les gestes qui sauvent

 

 

Les parents doivent-ils apprendre les gestes de secours envers leur bébé ?

Cette question ne se pose pas dans de nombreux pays où cet apprentissage est enseigné et organisé de manière systématique. Une évidence de protection individuelle et d’action civique en quelque sorte.

A l’opposé de ces pays : Europe du nord, Royaume uni, Etats-Unis, la France est très en retard sur ce sujet.

 

Le récent rapport (Février 2013) du Centre d’Analyse Stratégique souligne que :

       « Les Français dans leur grande majorité ne maîtrisent pas les gestes de secours et sont démunis en cas d’accident »

–       «  Les secours arrivent en moyenne en 14 minutes »

–       Concernant les jeunes enfants, le rapport préconise de « dispenser dans les maternités des formations aux jeunes parents alliant conseils préventifs et gestes de premiers secours ». Dont acte, mais en attendant cette hypothétique mise en place… ?

 

Les gestes qu’il faut apprendre : La technique de réanimation cardio-respiratoire et les manoeuvres d’expulsion d’un corps étranger « coincé » dans les voies respiratoires.

Ces gestes peuvent sauver des vies, car l’urgence est là et ne permet pas d’attendre   l’arrivée des secours !

Ces gestes doivent être appris par les parents, les grands-parents, les nourrices en charge de votre enfant, au cas où…

L’apprentissage se fera sur des « mannequins nourrissons » car la technique de ces gestes est totalement différente de celle qui s’applique sur un corps adulte.

 

 

Vous apprendrez donc:

 

1 / La Réanimation cardio-respiratoire.

 

Elle se doit d’être mise en route en cas de situation très inquiétante : le nourrisson est inerte, pâle, tout mou, semble inconscient et ne plus respirer.

 

Ces situations peuvent avoir une cause évidente : noyade ; ou un contexte particulier : traumatisme crânien après une chute par exemple.

 

Mais parfois le drame survient de manière inopinée, l’enfant allait parfaitement bien jusque là et brutalement il ne bouge plus et ne respire plus. Très souvent, heureusement,  l’enfant va revenir à lui en moins d’une minute ; c’est le cas du malaise vagal, ou le cœur a brutalement ralenti de manière réflexe, sous l’influence d’une agression brutale qui déclenche cet arc réflexe ; telle une remontée brutale du lait entrant dans le cadre du reflux gastro-oesophagien. Le massage cardiaque n’aura pas eu le temps d’être déclenché que l’enfant ouvre les yeux et respire à nouveau. Mais parfois ce malaise se prolonge et il faudra commencer le massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des secours. Et c’est le bilan hospitalier qui déterminera l’origine de ce malaise grave : Choc infectieux, malformation cardiaque, complication d’un traumatisme crânien ou autre.


Les gestes que vous apprendrez doivent permettre au corps de l’enfant de continuer à bien recevoir de l’oxygène en attendant que le cœur reparte, condition sine qua non pour éviter des dégâts irréversibles aux organes.

Pour ce faire il faut mobiliser les réserves d’oxygène et les faire circuler à travers tout le corps.

Où sont ces réserves d’oxygène ? Dans le sang.

Comment le faire circuler ? En appuyant sur les gros vaisseaux de l’organisme.

Où sont les gros vaisseaux ? C’est le cœur lui même, bien évidemment et les gros vaisseaux qui l’entourent.

En comprimant la zone du cœur, on peut ainsi mobiliser l’ensemble de la réserve sanguine.

Ce « massage » cardiaque, cette circulation sanguine artificielle, s’effectuent en réalisant des compressions thoraciques.

 

Les compressions thoraciques pour masser le coeur.

Elles ne s’inventent pas…et rien n’est plus accablant que de ne savoir rien faire et que le temps presse.

En s’exerçant sur un mannequin, les parents apprendront :

–       Comment et où positionner les mains sur le thorax du nourrisson : 2 pouces joints sur le bas du sternum, au milieu de la ligne joignant les 2 mamelons ( ce qui est beaucoup plus efficace que d’utiliser 1 ou 2 doigts )

–       Comment presser cette zone : l’appui sera fort ! pour déprimer le thorax de 3 à 4 cms ;

–       Avec quelle fréquence : 120 compressions par minute, environ 2 compressions par sec.

 

C’est seulement après avoir « ressenti » et exercé par apprentissage de telles compressions que les parents n’hésiteront pas à les mettre en œuvre. Ils seront les « pré » SAMU ou les « pré » Pompiers efficaces envers leur propre enfant ou ceux du voisinage.

 

Cette réanimation par compression thoracique cardiaque obéit à des règles précises. Ce sont celles de l’American Heart Association, réactualisées en 2010, et reprises par toutes les sociétés de cardiologie européennes, telle en France le Conseil Français de Réanimation Cardio Pulmonaire : www.cfrc:

–       Déterminer rapidement ( 10 secondes) que l’enfant ne respire plus, que son cœur ne bat que très lentement ;

–       Appeler les secours : 15 (SAMU) 18 (Pompiers) 112 (N° Européen)

–       Commencer immédiatement les compressions thoraciques avec les 2 pouces ( plus efficace qu’avec 2 doigts)

Toutes les 30 compressions : 2 insufflations à travers l’ensemble nez-bouche du bébé.

 

 

Peut-il y avoir un risque à déclencher des compressions thoraciques, alors que le cœur de l’enfant bat quand même ?

Le rapport risque/bénéfice ne se discute pas ! Le risque de ne rien faire, et ses conséquences éventuelles, n’entrent pas en balance lors de situations extrêmes. Si le cœur bat encore, admettons, à 30 par minutes, le massage du cœur lui permettra d’augmenter sa fréquence de battement. C’est tout ce que l’on cherche.

 

Y a t-il des risques d’ « abîmer » quelque chose ?

Les fractures de côtes sont exceptionnelles car la jonction cœur-côtes est molle, cartilagineuse.

 

 2 / Les manoeuvres d’expulsion de corps étranger.

Savoir expulser un corps étranger est le 2ème geste à bien connaître pour vaincre un étouffement subit. Le nourrisson qui cavale à quatre pattes ou qui marche déjà est un goûteur-aspirateur insatiable. On a beau tout cacher, tout protéger, avoir scrupuleusement tout contrôlé lors du parcours parental de sécurisation, l’enfant finira par trouver ce n’importe quoi qui traînait par là, le mettre à la bouche, et…s’étouffer avec !

La manoeuvre de Mofenson 

 

 

 

La méthode de Mofenson est adaptée aux enfants de moins d’1 an. Elle vise à créer une expiration brutale pour entraîner l’objet coincé avec l’air expiré.

 

 

 

 

 

La séquence des gestes :

–       Prendre le nourrisson dans ses bras ;

–       S’asseoir ;

–       Retourner l’enfant en position ventrale, allongé contre une cuisse penchée vers le sol

–       Maintenir l’enfant par une main ;

–       De l’autre main, avec la paume relevée en marteau, frapper vigoureusement le dos de l’enfant entre les omoplates 3 fois de suite ;

–       Vérifier en retournant l’enfant que l’objet inhalé apparaît dans la bouche ;

–       Retirer l’objet doucement en plaçant un doigt en crochet dans la bouche ; Si l’expulsion ne se produit pas, recommencer les frappes dans le dos ;

–       Appeler les secours ;

–       Si l’enfant perd conscience, commencer le massage cardiaque

 

Où se former ?

Dans toute la France:

Des formations pour secourir adultes et enfants sont données par les pompiers: pompiers.fr et la croix rouge: croix-rouge.fr. Il semble que ces organismes veuillent également proposer désormais des formations spécifiquement orientées sur les secours envers les nourrissons.  Les pompiers, alliés avec un organisme de formation privé, proposent la « safety card »( émission télé-matin du 13/6/2013) permettant pour 65 euros d’offrir cette carte de crédit- formation à un parent, en cadeau de naissance de leur enfant.

A Paris:

Depuis 18 mois,  l’association bébésanté-info, propose des ateliers pédiatriques « gestes d’urgence » dans les locaux de l‘institut de Gasquet.

 

Dr Thierry Marck

 

 

 

 


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