Préoccupation ô combien essentielle et légitime des parents, surtout dans les premiers mois : la bonne croissance de son petit bout.
Est-il dans « les normes » ? N’est-il pas trop
gros, trop mince ? Sa taille : est-il plutôt en avance, dans la moyenne ?
La plupart du temps, les avis de la famille, des amis, des voisins, sont tout à fait rassurants :
« Comme il a changé ! Comme il a bien pris ! »,
mais parfois, certaines réflexions peuvent venir semer le doute :
« Ah bon ! Il ne boit que tant à chaque biberon ? Moi, le mien, à son âge, il prenait déjà tant en plus ! »
ou bien :
« Eh bien dites-moi, on peut vraiment dire qu’il profite ! Vous lui donnez de la farine ? »,
ou encore
« Vous êtes sûre d’avoir assez de lait ? Il a l’air affamé ce petit ! ».
Autre situation qui peut déstabiliser, c’est la comparaison « morphologique » avec d’autres bébés du même âge.
Aucune mère ne peut s’en empêcher.
Tout est bien sûr rassurant si son propre bébé est à l’évidence le plus costaud, mais que le rapport soit en sa défaveur… là, c’est un peu frustrant !
Soyez rassurée : si les besoins nutritionnels de votre enfant sont comblés en qualité et quantité, s’il ne présente aucun trouble particulier, il a forcément le poids et la taille que son programme interne a décidé.
C’est son rythme à lui.
Il est et sera ce que sa génétique a décidé. Sa mimique, sa frimousse, ses cheveux, ses yeux, tout cela est programmé.
Rien ne peut bouleverser cet ordre des choses inscrit dans son patrimoine génétique.
Pour le poids et la taille, c’est pareil ! Son rythme de croissance, c’est le sien !
Le suivi de votre nourrisson s’établit en étudiant ses courbes de croissance pondérale et staturale.
Depuis le temps que les enfants ont pu être mesurés et pesés en fonction de leur âge, des « courbes de croissance statistiques » ont été construites.
On a ainsi déterminé des courbes de taille et de poids de référence pour les filles et les garçons.
Il existe une courbe dite « moyenne » et des courbes dites de « déviation » se situant de part et d’autre autour de cette moyenne. Ces déviations sont appelées déviations standard ou DS.
Dans le carnet de santé de votre enfant, vous pouvez visualiser ces courbes. Les médecins en ont également à leur disposition, permettant de suivre de manière un peu plus précise cette croissance.
Pour apprécier la « poussée » de votre enfant et avoir une idée de la courbe sur laquelle il se situe, il suffit de reporter sur le diagramme les différents poids et tailles que vous-même ou le médecin avez notés au cours des semaines et des mois, depuis la naissance.
Ce que vous apprend l’étude de sa courbe de croissance.
La réponse « instantanée »
C’est la réponse immédiate sur l’état de son poids et de sa taille à un jour J, quand vous positionnez ce jour-là sur le diagramme les données de la balance et de la toise.
Vous obtenez alors son « point » de croissance et selon la position de ce point sur ce diagramme, vous pouvez vous faire une idée, savoir « où il en est » : plus ou moins gros, plus ou moins grand par rapport à la « moyenne ».
L’étude dynamique de croissance est beaucoup plus intéressante.
Le positionnement régulier des mesures successives vous permet, en réunissant les « points » du diagramme, de déterminer quel est le type de courbe autour de laquelle évolue le bébé.
Le poids et la taille de naissance donnent déjà, évidemment, une bonne idée du type de courbe dans laquelle va s’installer votre enfant.
Un enfant né à 4 kg et 53 cm n’aura évidemment pas la même courbe de croissance qu’un enfant né à 2,5 kg et 48 cm, mais attention, rien n’est vraiment joué !
On peut assister, pendant les premières semaines ou premiers mois, à des revirements de situation : le costaud grossit moins que prévu… et le poids plume effectue un « rattrapage » en poussant comme un chef !
C’est-à-dire que ce n’est pas avant 3 mois que l’on peut connaître avec une certaine réalité le « couloir » de croissance – entre telle ou telle courbe – dans lequel va s’installer votre enfant.
Entre 3 et 6 mois, ça y est, il a atteint sa vitesse de croisière. Les points successifs des différents poids et tailles en arrivent à dessiner une tendance réelle, qui va devenir sa courbe, l’expression de son moteur de croissance propre.
Quelques remarques :
Sa croissance en taille représente plus fidèlement sa signature génétique que le poids (qui, lui, pourra beaucoup varier dans le futur et dépend de facteurs externes multiples).
Vous allez donc pouvoir noter son couloir de croissance staturale, c’est-à-dire « de quelle courbe de taille se rapproche-t-il le plus ? » : au-dessus de la courbe moyenne : + 1 DS, + 2 DS ou au-delà ; ou en-dessous : – 1 DS, – 2 DS ou en-deçà.
S’annonce-t-il plutôt basketteur, plutôt jockey ou sera-t-il comme la majorité de ses copains et copines d’une taille dite « normale » autour de la moyenne ?
La plupart du temps, il n’y a pas trop de surprise.
La taille de l’enfant est le reflet de celle de ses parents et quand un des deux parents est nettement plus grand que l’autre… à vous d’observer de quel côté va pencher la génétique…
La courbe de poids peut se superposer parfaitement à la courbe de taille ou s’en écarter, c’est variable, mais il n’est pas question, dans les premiers mois, de s’inquiéter si les courbes de poids et de taille sont légèrement dissociées.
Si le bébé est plus lourd que grand, il n’est pas question de le considérer d’emblée comme trop gros et de vouloir instaurer un régime ; pas plus qu’il ne faut vouloir absolument gaver un bébé qui aurait le tort d’être plutôt « long » et peu « épais ».
Chacun son rythme, chacun son programme !
Il n’y a pas de bébé « modèle »
La surveillance des courbes de croissance de l’enfant est importante.
C’est dire l’intérêt d’un carnet de santé régulièrement rempli au cours des différentes consultations, car en suivant de près les différents points de poids et de taille, nous allons pouvoir observer sa vitesse de croisière.
La plupart du temps, le nourrisson suit son bonhomme de chemin, en s’écartant peu du couloir dans lequel il s’est positionné. Il a une vitesse de croissance normale.
Il suit « son » couloir, « sa » courbe, mais certains incidents de santé auront une répercussion directe sur cette croissance, notamment sur la croissance pondérale.
C’est le cas des gastro-entérites, qui entraînent souvent une perte de poids assez importante, une « cassure » de la courbe pondérale, au point de perdre parfois un couloir entier : l’enfant passant, par exemple, de la courbe moyenne à la courbe : – 1 DS.
L’important sera bien sûr de vérifier qu’après guérison de l’incident, l’enfant réintègrera rapidement son couloir habituel, qu’il y a eu rattrapage du déficit temporaire.
Les incidents mineurs de santé qui émaillent la vie d’un enfant n’ont pas de retentissement sur la courbe de taille.
Il faut la survenue d’une pathologie sérieuse et surtout persistante, pour que la vitesse de croissance en taille soit diminuée, qu’il y ait donc une cassure de la courbe staturale.
A contrario, l’observation d’une cassure de la courbe de taille (passage par exemple d’une taille de + 1 DS à – 1 DS en quelques mois) impose d’effectuer un bilan médical approfondi pour en déterminer la cause.
Remarques et conseils.
Notre société prend désormais en compte, et à juste titre, l’excès pondéral et ses conséquences sur la santé.
C’est ainsi qu’après des années de vénération de ces beaux bébés bien « remplis », qui étaient en fait le plus souvent bouffis par les farines, l’idéal esthétique du bébé a changé.
On a compris que le nombre de kilos était loin d’être synonyme de bonne santé, mais il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse et paniquer si l’enfant semble un peu « arrondi ».
Si votre enfant boit et mange « qualitativement » ce qu’il faut, il n’y a aucune crainte à avoir. Il n’y a pas de bébés qui mangent ou boivent au-delà de ce que leur organisme leur
impose (en tout cas, cela relève de l’exception).
Il a un bon bidon, de grosses joues, de bonnes cuisses et même « comme de la cellulite » sur le ventre ?
C’est de la « bonne » graisse, ne vous inquiétez pas !
Elle fondra… et rien ne dit que, plus tard, il ne sera pas maigre comme un clou ; et puis bien sûr, à l’inverse, ne « forcez » pas votre nourrisson à manger s’il vous paraît un peu maigrichon, cela ne servirait qu’à organiser un conflit inutile et perdu d’avance.
Peut-on anticiper sur la taille définitive ?
De manière grossière oui !
Un enfant, qui navigue régulièrement vers des + 1 ou + 2 DS en courbe de taille a toutes les chances d’être « grand » et bien sûr, l’inverse est vrai… en théorie, mais il faut cependant mettre un bémol, qui est celui de la date future de survenue de la puberté, surtout chez les filles car la survenue de cette puberté – les règles chez les filles – signe l’arrêt de la croissance.
On voit que cette variable peut venir contredire la supposée taille définitive, selon que cette puberté sera précoce ou non, mais vous avez un peu de temps devant vous…
Lire : – les diagrammes des courbes de croissance du carnet de santé
– couloir et vitesse de croissance