Qu’il soit au sein ou au biberon, un bébé qui boit mal désespère vite sa mère.
Il arrive très souvent, en effet, que l’enfant soit agité et gêné pendant ou après les prises de lait.
Au début, pendant le séjour en maternité, les choses se passaient plutôt bien; le bébé apprenant assez vite à téter le sein maternel ou boire le biberon. Il était calme en buvant et dormait ensuite tout aussi calmement.
Mais de retour à la maison, les choses ont commencé à se dégrader.
– L’enfant chipote, s’arrête de boire, puis reprend, puis s’arrête à nouveau. Parfois tout semble revenir à la normale, mais le phénomène reprendra bientôt à la tétée ou au biberon suivants.
– A un stade supérieur, l’enfant qui a faim, prend volontiers quelques gorgées de lait, mais s’arrête brusquement, lâche le sein ou la tétine, se jette en arrière, devient tout rouge en hurlant de douleur et frustration.
– Dans tous les cas, l’enfant boit chaque fois une quantité de lait moindre par rapport à ses besoins; et du coup il réclamera plus souvent.
– Quant au sommeil, il est souvent perturbé par des geignements ou des pleurs brutaux.
– Finalement, quand l’enfant pleure, on ne sait plus très bien s’il a faim ou s’il a mal. On lui donne à boire pour voir; et là, déception, l’enfant tétouille mais boit peu en continuant à s’agiter.
La mère très vite n’en peut plus ! Entre la déception, l’angoisse, la fatigue, la culpabilisation de ne pas savoir s’y prendre, c’est vite la grosse déprime. Et si se surajoutent les réflexions de la famille ou des copines telles que: « ton lait n’est pas assez riche » ou « pour le mien les coliques ont duré 2 mois » le soutien est très relatif et l’optimisme en berne.
Que faire ? De quoi S’agit-il ? Y-a-t-il un traitement ?
1/ Il faut bien sûr envisager rapidement une consultation pédiatrique.
2 / Les symptômes évoquent très fortement une oesophagite. Il s’agit d’une inflammation de l’oesophage liée à la remontée acide des sécrétions lactées et gastriques de l’estomac vers l’oesophage. Ce tuyau, l’oesophage, étant rendu sensible par cette acidité, le lait qui y descend, quand l’enfant boit, ou qui remonte, quand l’enfant est allongé, déclenche douleur et agitation. Cette oesophagite entre dans le cadre du Reflux Gastro Oesophagien pathologique justifiant un traitement.
3 / Le traitement consistera à contrer l’acidité en prescrivant des antisécrétoires tels le Mopral® ou l’Inexium®. La durée du traitement sera d’au moins 15 jours. Mais très souvent le traitement devra être prolongé pendant plusieurs semaines.
Au cas où le traitement serait peu efficace, une recherche d’allergie aux protéines du lait de vache(APLV) doit être envisagée.
4/ La position sur le dos, outre qu’elle n’est pas adaptée à la physiologie du bébé, entraîne on le sait des déformations crâniennes, mais favorise aussi les reflux liquidiens acides.
Avant de prolonger un traitement médicamenteux, il faut donc faire l’essai de la position latérale, à droite juste après la prise de lait, puis à gauche. Avec un cale-bébé adapté (physiomat.com) posé par sécurité sur un matelas « respirant ». Il a été prouvé par des études canadiennes que cette latéralisation améliorait de manière significative reflux et oesophagite.
La rédaction: Dr Thierry Marck