Ce séjour en maternité est devenu de plus en plus court !
Un avantage pour la maman ? Pour le bébé ?
En une quinzaine d’année, le séjour moyen du couple mère-enfant est passé en France d’une moyenne de 5 à 6 jours à une moyenne de 3 j.
Et la tendance au raccourcissement se poursuit. Certaines mères sont incitées à quitter la maternité au bout de 48 heures…! (sauf césarienne évidemment)
Cette évolution à l’occidentale est irréversible;
Aux États-unis le séjour moyen est de 24 heures;
Au Québec, les femmes ayant accouché en maison de naissance, repartent chez elles au bout de …3 heures !!
Pourquoi cette évolution?
Ce sont des raisons de bonne gestion médicale qui ont poussé les gouvernements à fermer les petites structures d’accouchement, considérées à risque, pour regrouper toute la médecine de la naissance dans de grands pôles médicaux « techniques » et sûrs.
Du fait de cette concentration, il y a « encombrement » de femmes enceintes dans ces grandes maternités devenues le passage obligé. On est passé de la maternité de proximité à « l’usine à bébés ».
Rajoutons un zest de productivité imposée et une natalité florissante, et nous en arrivons à l’obligation d’une diminution du temps de séjour des accouchées. On assure la sécurité en médicalisant, mais le séjour des nouvelles mères est obligatoirement raccourci pour éponger le flot des femmes enceintes qui frappent à la porte..
Les conséquences de cette évolution pour la mère et son bébé.
Si les mamans sont heureuses de pouvoir vite rentrer chez elles, elles partent un peu frustrées de la maternité, tout n’ayant pas été réglé, et de loin. Tant au niveau de leur état médical, qu’au niveau des conseils reçus concernant l’allaitement et leur bébé.
Les conséquences pour la mère.
Si leur état médical est jugé bon, elles peuvent sortir, mais...à elles de se « débrouiller » pour régler les « petits soucis »: saignement persistants, douleurs cicatricielles d’une épisiotomie, points à enlever. Quant à s’occuper de leur état moral et psychologique, on a pas eu le temps…
Certes une sage-femme libérale de secteur pourra passer les voir à leur domicile, en cas d’accouchement difficile, de césarienne ou de sortie précoce dans les 48 heures, mais selon sa disponibilité…
Pour celles qui sont mamans pour la première fois et qui veulent allaiter, les conseils d’allaitement sont très aléatoires, dépendant de l’implication du personnel. Le temps de celui-ci étant limité pour expliquer les bonnes positions d’allaitement, le rythme et la durée des tétées, vérifier une montée de lait (qui progresse en 72 heures..), empêcher ou traiter une crevasse du sein débutante,un engorgement etc.
Et pourtant la jeune accouchée, dans les premiers jours de sa nouvelle vie, a besoin d’être cocoonée, entourée et rassurée. L’on doit l’aider dans l’organisation du lien à son enfant; l’on doit savoir dépister des défaillances psychologiques, une tristesse, un épuisement. Tout cela nécessite disponibilité et temps….
Les conséquences pour le bébé.
Rares sont désormais les nouveaux-nés qui sortent de la maternité en ayant repris leur poids de naissance. Puisque cela demande 5 jours en moyenne.
On leur conseillera soit de revenir à la maternité pour vérifier le poids, soit d’aller à la PMI.
Pour les mamans qui ont décidé d’allaiter au sein, un complément de lait à donner au bébé par biberon (avec le lait industriel sponsorisé du mois) leur sera encore trop souvent proposé. Pour rassurer la mère ? Très souvent pour rassurer le personnel de la maternité qui pourra noter que la courbe de poids remonte, et donner le feu vert pour le départ.
On sait pourtant que donner un biberon va pourtant à l’encontre des recommandations énoncées pour assurer justement un bon allaitement. Et on est loin des préceptes Québecois refusant la présence de tout biberon en maternité !….
Les pleurs du bébé n’ont plus le temps d’être correctement analysés.
Faim ? Douleurs de RGO ? Fameuses coliques ? Une certaine facilité sera de proposer à la mère une « tétine » à donner au bébé, voire de l’installer derechef en vue de combler un important » besoin de succion ».
Le rôle des sage-femmes.
La profession de sage-femme fait partie des professions médicales. Mais il n’y a pas si longtemps la sage-femme s’occupait aussi bien de la mère que de l’enfant. C’était la pièce maîtresse du nouveau couple mère-enfant. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Pour de multiples raisons, son rôle auprès du nouveau-né s’est amoindri.
Parce que aussi bien au sein de la structure hospitalière qu’à l’extérieur, en travail libéral, son statut évolue vers une plus grande responsabilité d’ordre purement médical: Surveillance de la grossesse, monitoring, accouchement, soins maternels de suite de couches, ordonnance de contraception, rééducation périnéale. Elles revendiquent d’ailleurs ce statut, souhaitant obtenir peu ou prou d’autres responsabilités dévolues à d’autres professions (kinésithérapeutes, gynécologues);
Le bébé dans tout ça ne voit rien venir ! Il y a bien la visite du pédiatre, systématique, standardisée, avec prises de sang obligatoires, mais qui s’occupe réellement de lui tous les jours ?
La nature ayant horreur du vide, d’autres professions s’engagent dans ce créneau laissé vacant de l’aide à la mère et à son bébé. C’est ainsi que sont apparues les Doulas. Soutenues et formées par la Leche League, elles sont nombreuses en Amérique du Nord, encore peu en France car elles n’ont pas de statut officiel ni de formation agréée.
Quoiqu’il advienne, la protection, la préoccupation et le soutien de ce nouveau couple mère-enfant relèveront toujours autant de l’humain que du médical pur.
A lire :Les aides à L’allaitement maternel