Le choix du lieu d’accouchement.
Depuis la fermeture des « petites » maternités de proximité jugées trop à risque , les lieux d’accouchements sont désormais choisis aussi médicalement, selon la « normalité » ou non des grossesses, et non plus de manière uniquement intuitive par la mère.
Médecins et sage-femmes apprécient donc, tout au long de la grossesse et selon les antécédents, si la future mère accouchera ici ou là.
Elle accouchera en service de maternité de niveau 1 si la grossesse est considérée normale et sans risque. Sans besoin prévisible de soins néo-nataux « lourds ».
En maternité de niveau 2 si la grossesse est jugée à risque modéré ( grossesses multiples- hypertension- croissance foetale insuffisante).
Enfin en niveau 3 s’il s’agit d’une grossesse pathologique. Les niveaux 2 et 3 possèdent un service de réanimation néo-natale.
Vers l’organisation de Maisons de naissance.
Si la priorité absolue est donc donnée à la sécurité médicale, ce qui ne saurait se discuter, la mère, tranquilisée de se savoir entre de « bonnes mains », attend beaucoup de l’attention humaine que lui accordera l’équipe de maternité. Pour elle, pendant le travail et l’accouchement, et puis dès la naissance pour elle et son bébé.
Pour tous les services de maternité, la difficulté est grande d’assurer à la fois un professionnalisme de tous les instants, et une disponibilité d’écoute et d’attention « à la carte ».
Cette dualité, quasi antagoniste, entre « médical-sécurité » et « disponibilité-relationnel » est reconnue par les instances gouvernementales elles-même quand elles évoquent ( et préparent ?) la création de « maisons de naissance ».
Une Maison de Naissance (MdN) est un lieu d’accueil, de suivi et d’accouchement constituant la pièce maîtresse d’une filière spécifique de suivi de grossesses et destinée aux femmes enceintes et à leur famille, dès lors que la grossesse, l’accouchement et post-partum restent dans le cadre de la physiologie.
La MdN fait partie intégrante du réseau de santé périnatal. Son fonctionnement repose sur une relation de partenariat avec les différents acteurs de ce réseau et plus particulièrement avec une maternité partenaire. Elle est caractérisée par trois éléments:
- Les sages-femmes comme professionnelles autonomes en assurent le fonctionnement et l’entière responsabilité médicale, conformément aux compétences reconnues légalement.
- L’accompagnement est global, c’est-à-dire qu’il associe une femme (un couple) et une sage-femme (parfois deux) du début de la grossesse à la fin du post-partum.
- La structure « Maison de Naissance » est physiquement, juridiquement et administrativement différenciée de sa maternité partenaire. Elle peut se situer en son sein ou à proximité, dès lors que le transfert des femmes peut se faire dans des délais compatibles avec l’urgence
En raison de la suppression des maternites de moins de 300 accouchements par an, des centre périnataux de proximité ont été mis en place; Ils assurent le suivi pré natal et post natal des femmes ne présentant pas de risque majeur. L’accouchement lui même et le court séjour qui s’en suit ( 1 à 3 jours) ne se faisant que dans des centres hospitaliers qui dès lors sont médicalisés.Hypermédicalisés ? Déshumanisés ?
Les questions sont multiples autour des maisons de naissance.
1 – Comment envisager et organiser le transfert aller de la future mère, de la maison de naissance vers le lieu d’accouchement en cas de complication, puis le transfert retour pour la mère et son bébé? En intégrant les facteurs de rapidité, de sécurité et de coût.
2 – Ne faut-il pas de toute façon prévoir une médicalisation possible en cours d’accouchement, ne serait-ce que pour faire face à une césarienne en urgence, une hémorragie, ou un besoin de réanimation du bébé ?
3- L’idéal semble donc que ces maisons de naissance soient très proches du lieu d’accouchement. Si proches finalement qu’elles puissent être juxtaposées dans une même unité de lieu au sein d’un même établissement. Mais alors bien sûr plus question de parler de maisons de naissance de proximité puisque celles ci seraient rattachées à des pôles médicaux performants. Il faut alors plutôt parler de pôles physiologiques à l’intérieur de l’hôpital.
4 – Ces maisons de naissance ne devraient pas se limiter à de simples modalités d’attente, de « garage » permettant uniquement d’écourter le séjour des mères dans les services obstétricaux « techniques » ou de faire des économies autour de la naissance.
C’est au contraire l’opportunité d’organiser un espace chaleureux où la future mère, libre de ses mouvements, à l’écoute de son corps, choisissant ses positions de relaxation préférées ( et ensuite d’accouchement ?) est maternée, entourée, aidée, écoutée.
L’idéal retrouvé entre humanité et sécurité.
Toutefois cet idéal ne devrait pas être l’apanage exclusif des maisons de naissances et symbole de démédicalisation.
Il est possible , dans toute maternité, même de niveau 3 de permettre au couple de se préparer dans un esprit de participation à la naissance de leur enfant, de trouver des positions plus physiologiques, même avec une péridurale, même parfois en cas d’utilisation de forceps, ventouses etc. Tout dépend de l’état d’esprit des parents et de l’équipe, de la formation des professionnels. Les péridurales actuelles permettent la mobilité, les tables d’accouchement sont plus confortables, plus adaptables. Il y a presque dans toutes les salles de naissance des coussins de positionnement, des ballons, parfois des baignoires.
L’accompagnement lors des suites de couches, peut se compléter par un suivi à domicile par des sages femmes libérales, pour compenser la réduction du temps d’hospitalisation.
Le choix du lieu d’accouchement doit passer par un dialogue respectueux entre les parents et les professionnels, afin d’apprécier les diverses possibilités et de disposer des informations concrètes sur les conditions d’accouchement.
Rédaction : Dr Bernadette de Gasquet – Dr Thierry Marck