Rééducation périnéale

Le périnée après bébé :

La rééducation périnéale pour toutes dès le premier accouchement est une spécialité Française.

Lancée dans les années 80 elle est intégralement remboursée dans la période post natale.

Elle est classiquement (et selon les règles de la sécurité sociale)  commencée après six semaines quand elle est réalisée par une sage femme, après trois mois si c’est un kinésithérapeute.

Ce « droit acquis » est une chance pour les femmes car la rééducation permet une prise en charge individuelle qui permet d’aborder beaucoup de choses, bien au-delà de la « musculation ».

Cependant elle est présentée comme la panacée « réparatrice » indispensable pour toutes, ce qui suppose d’inévitables dégâts . Il est bien établi que c’est le premier enfant qui est à l’origine de la majorité des problèmes périnéaux.

Dire aux femmes que tout va se régler par cette rééducation ( quelle que soit la méthode employée), est toutefois mensonger. On peut assurer que les muscles seront renforcés mais cela ne résout pas tous les problèmes, en particulier les incontinences et les descentes d’organe.

Le problème reste toujours la prévention…dans la grossesse, et même avant, dans l’accouchement et surtout en suites de couches immédiates, ce qui n’est pratiquement jamais fait chez nous.

Or certaines choses qui se jouent  en suites de couches immédiates ne se récupèrent pas après six semaines.

En suites de couches il y a donc deux temps :

 1 /la protection du périnée et la remise en place du bassin et des organes dans les six premières semaines.

2 / Les propositions de rééducation après cette période.

                 

 1 /La protection du périnée dans les premières semaines après bébé.

Vous venez d’accoucher…moins d’une semaine après vous vous retrouvez chez vous avec un nouveau bébé, un nouveau corps, un nouveau rôle….avec plein de responsabilités  nouvelles et le plus souvent une grande solitude.

L’accouchement et ses suites sont souvent le moment où la femme découvre cette partie fondamentale de son corps, à travers des messages douloureux, inquiétants parfois, à travers les difficultés à retenir gaz ou urines (voire selles) ou à vider correctement vessie ou rectum, par une sensation d’ouverture, par une absence de sensation ou de réponse aux efforts de retenue.

Pour seule consigne on vous a dit de ne pas faire d’abdominaux avant d’avoir renforcé le périnée, ce qui sera l’objet d’une rééducation après  six semaines. En attendant…il faut porter bébé, faire les courses, le ménage, vivre une vie « normale » complétement inconnue lors du premier bébé…sans aucun conseil pour protéger et soulager le périnée. Or c’est une période à haut risque pour le plancher pelvien, le dos, les abdominaux…

Entre les recommandations médicales qui interdisent le sport avant la rééducation et les multiples sollicitations médiatiques qui incitent à se bouger, à prendre sur soi pour faire du sport et retrouver un corps de magazine, il est difficile d’être détendue et de s’écouter sans culpabilité.

Un peu de bon sens…

 

Ce qu’il ne faut surtout pas faire dans les premières semaines après l’accouchement :

Fonctionnement périnéal :

Il ne faut pas :

–  Se laisser constiper par peur d’aller à la selle, par manque de disponibilité pour aller au bon moment;

–   Surcharger la vessie en buvant trop et en ne vidant pas régulièrement

Les hyperpressions abdominales dans les gestes quotidiens :

Il ne faut pas :

–  Pousser sur le ventre par des positions assises «  avachies » qui vont, en plus, créer des tensions dans le dos, la nuque et favoriser crevasses et engorgement…

–  Pousser sur le ventre et écarter les abdominaux grands droits (tablettes de chocolat) par une mauvaise statique debout, épaules en arrière, bébé posé sur le ventre…

– Porter des poids à bout de bras, faire des efforts de soulèvement

–  Avoir une poussette trop lourde à mobiliser dans les escaliers

–  Utiliser un porte bébé qui ne soutienne pas le dos et pousse sur le ventre (voir chapitre portages)

–  Pousser sur le ventre dans les gestes quotidiens : se relever du lit et de la chaise, aller chercher bébé dans son lit ou la baignoire etc

Les poussées abdominales  dans la pratique sportive :

Il ne faut pas :

– Bien entendu faire des abdominaux qui poussent sur le ventre et le périnée ( schéma crunch) Cela sera vrai toute la vie , mais le danger est accentué dans les suites de couches précoces.

– Courir, sauter, faire des sports exigeant la position verticale.

 

Ce qu’il faudrait faire :

Fonctionnement périnéal :

Aidez le transit par une alimentation adaptée, une respiration abdominale et des exercices respiratoires particuliers (voir livres)

-Allez à la selle au premier besoin (bébé attendra quelques minutes…moins grave que de reporter à demain l’évacuation ), dans une bonne position. Placez des annuaires sous vos pieds pour remonter les genoux, penchez-vous en avant et soutenez éventuellement le périnée en avant avec une garniture.

N’hésitez pas à utiliser des suppositoires de glycérine ou d’éductyl ( ils libèrent un gaz qui distend l’ampoule rectale et « donne envie »d’aller à la selle). Si besoin utilisez des micros lavements , mais ne laissez pas les selles s’accumuler et se durcir.

-Pour aller à la selle comme pour uriner, ne poussez pas. Détendez-vous Remontez le ventre et serrez le de bas en haut en expirant, pour remonter la vessie et l’utérus au lieu de les pousser vers le bas.

-Faites « bouger »  votre périnée pour assouplir d’éventuelles cicatrices, faire circuler le sang, le rendre élastique. Il suffit de  faire le geste de retenir un gaz ou une envie d’uriner et d’expirer depuis le périnée en remontant, comme si on roulait un tube de dentifrice du bas vers le haut…Relâchez en laissant l‘air entrer dans les poumons, sans jamais pousser vers le bas.

Contracter le périnée en le remontant ne fait pas mal, même en cas de points de suture. Ce qui fait mal, c’est tout ce qui pousse dessus…tousser, se retourner, se relever…Si vous exécutez tous ces efforts en remontant le périnée et en expirant vous aurez beaucoup moins mal, non seulement dans le périnée mais aussi dans le bas du dos, dans le bas du ventre,  même en cas de césarienne.

Si vous gérez ainsi ces gestes quotidiens, vous travaillerez beaucoup plus et mieux le périnée qu’en faisant simplement des contractions isolées et répétées pendant une séance de vingt minutes, comme on le fait en général en rééducation.

Les hyperpressions abdominales :

 – Restez le plus possible (?) à l’horizontale : couchée  bien à plat sur le dos, sur le côté, sur le ventre, pratiquer des exercices à quatre pattes, en positions «  à l’envers », pour remonter les organes, faire circuler le sang stagnant dans les jambes et le petit bassin,  décharger le périnée…

–   Mettez une ceinture pour aider le meilleur positionnement du bassin en position debout (voir ceinture physiomat)

–  Limitez les portages, les stations debout, le piétinement

–   Si vous sentez une pesanteur dans le bas du ventre allongez-vous dès que possible et restez  5 minutes  « à l’envers », un coussin sous le bassin, les cuisses sur le ventre par exemple, ou les jambes sur le siège d’une chaise, les fesses en dessous de la chaise, un coussin ou un petit ballon sous le bassin ( photo).

–   Remusclez progressivement vos cuisses sans pousser sur le ventre

Dans quelques cas particulier de grande distension abdominale, de césariennes, de sensations de grand relâchement abdominal un « body » gainant serait une bonne protection.

Et ne faites plus jamais des abdominaux qui vous massacrent le ventre, le périnée et le dos !

 

2 / La rééducation périnéale

Plusieurs méthodes sont possibles Elles sont réalisées par des professionnels ( sages femmes, kinésithérapeutes, médecins) spécialisés en rééducation périnéale.

Elles commencent en général après six semaines (sages femmes) ou plus, à raison de deux à trois séances par semaine.

Le biofeedback, ou bio contrôle :

Une sonde vaginale (de format comparable aux  sondes vaginales d’échographie) est placée dans le vagin. Elle est munie de capteurs reliés à un écran.

La contraction du périnée va générer un enregistrement qui s’affichera sur un graphe afin de  visualiser la performance.  A l’heure des jeux informatiques, de la Wi Feet, cela peut être vécu par la femme comme un chalenge ludique permettant de contrôler la réponse des muscles du périnée.

Certains programmes sont plus sophistiqués et permettent d’enregistrer la détente, de travailler debout en Wi Fi, de graduer les difficultés.

L’electro stimulation :

Il est possible, si le périnée est trop faible, s’il ne bouge pas, d’utiliser les mêmes capteurs pour envoyer une stimulation ( courant électrique indolore) qui fasse contracter les muscles et permette de les renforcer jusqu’au moment où ils seront capables de prendre le relais.

Il est possible de mixer le biofeedback et l’électro stimulation lors d’une même séance.

Le contrôle manuel :

On peut aussi faire un contrôle manuel des contractions en demandant de serrer sur les doigts ( gantés) du thérapeute.

C’est normalement le rééducateur qui détermine la meilleure stratégie en fonction d’un bilan initial qui tient compte des désirs et de la personnalité de la patiente.

La CMP ( connaissance et maitrise du périnée)

Les sages femmes spécialiste du « toucher vaginal » proposent plus volontiers le contrôle manuel, sur leurs doigts, et un travail par visualisation ( images de pont levis, de vague, de papillon etc) Cette méthode appelée CMP (Connaissance et Maitrise du Périnée) est souvent bien adaptée aux suites de couches. En effet les mamans ont surtout besoin de bien repérer les sensations et le recours à l’electro stimulation est rarement nécessaire.

L’auto rééducation : il existe des kits de rééducation par electro stimulation utilisables à domicile, des gadgets à la mode comme les boules de geisha, des gadgets néfastes parfois (poids, cônes…)

Il est evident qu’il faut d’abord une éducation , un bilan et un contrôle avant de travailler seule. Il y a beaucoup de risque d’erreur, de lassitude, et les séances de rééducation sont souvent un temps d’échange avec le thérapeute qui va bien au-delà de la musculation. Il serait dommage de se priver de cette opportunité de s’occuper de soi , à l’occasion du périnée, puisque la sécurité sociale Française offre à toutes les femmes cette rééducation,  ce qui est un privilége unique au monde.

Rédaction: Dr Bernadette de GASQUET – auteur de « Périnée arrêtons le massacre » Ed Marabout – Oct 2011

 

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