Torticolis et plagiocéphalie: le couple infernal

 

Torticolis du nourrisson, l’intérêt d’un dépistage précoce

 

Très souvent le futur bébé reçoit, quand il est encore dans l’utérus, et plusieurs semaines avant sa naissance, des pressions mécaniques, des « contraintes utérines ».

La pression de la paroi utérine va appuyer sur le bébé au niveau des zones les plus flexibles, les extrémités, c’est à dire la tête et les pieds.

Au niveau des pieds, l’avant pied pourra ainsi se tourner vers l’intérieur (métatarsus varus) ou vers l’extérieur (pied valgus). L’examen néo-natal le dépiste facilement.

Au niveau de la tête, celle-ci peut être repoussée d’un côté. On parle alors de torticolis néo-natal ou congénital. La tête du bébé est bien ronde mais elle est inclinée vers la gauche ou la droite à la naissance. L’examen néo-natal ne dépiste ce torticolis que trop rarement.

 

Torticolis congénital = contraintes utérines exercées sur le foetus.

 

Il y a plusieurs types de contraintes ?

Celles dues à la tonicité importante de l’utérus. C’est le cas de la première grossesse, de la femme enceinte hyper sportive.

Celles dues au contenu utérin important : jumeaux, gros bébé.

 

La conséquence du torticolis : la survenue d’une plagiocéphalie.

 

Dans ces temps pas si anciens où l’on couchait tous les bébés sur le côté, naître avec un torticolis ne présentait aucun problème ; car l’alternance de positionnement gauche/droite de tout le corps annulait rapidement ce torticolis.

Mais aujourd’hui, la position de coucher sur le dos conduit automatiquement le bébé qui présente un torticolis à développer très rapidement une plagiocéphalie.

 

Comment se déroule la séquence torticolis-plagiocéphalie ?

 

Prenons l’exemple d’un enfant qui présente un torticolis gauche.

Stade 1 : L’enfant a donc la tête inclinée sur le côté gauche

Stade 2 : L’enfant placé sur le dos effectue, par ne pas être gêné, une rotation de la tête vers la droite.

Stade 3 : La tête de l’enfant repose sur l’arrière droit.

Stade 4 : L’aplatissement de l’arrière-crâne droit débute très rapidement, entraînant donc une plagiocéphalie droite.

 

Un torticolis gauche entraînera une plagiocéphalie droite, et vice versa, un torticolis droit entraînera une plagiocéphalie gauche.

 

Le torticolis est une urgence orthopédique nécessitant dépistage et traitement précoces.

 

Le dépistage.

Si, lors de l’examen pédiatrique néo-natal, il est recherché systématiquement une pathologie des hanches (luxation) ou une anomalie positionnelle des pieds ; la statique corporelle spontanée du bébé n’est que peu prise en compte, si tant est qu’elle soit analysée.

Et c’est souvent la maman qui alertera plus tard le médecin, quand elle s’aperçoit que son enfant tourne toujours la tête du même côté.

 

Le traitement.

Il doit prendre en charge, en même temps le cou et la tête !

La kinésithérapie et ou l’ostéopathie sont nécessaires pour « décoincer » ce cou qui n’est pas assez souple d’un côté ; mais il faut tout de suite s’occuper aussi de la voûte crânienne qui s’aplatit très vite du côté de l’appui choisi par le bébé.

Il est donc impératif d’associer au plus tôt le positionnement à la physiothérapie.

Le bébé sera ainsi placé en latéralisation du côté du torticolis pour éliminer l’appui de l’arrière crâne qui s’aplatit en contro-latéral.

Torticolis gauche = kinési/ostéo + positionnement latéral gauche.

Torticolis droit = kinési/ostéo + positionnement latéral droit.

S’occuper du cou sans protéger la tête par le positionnement ne pourra conduire qu’à l’installation d’une plagiocéphalie de plus en plus importante.

 

 

2 formes particulières de torticolis :

 

1 /Le bébé « moulé » (moulded baby syndrome).

C’est un bébé qui s’est tellement collé à la la paroi de l’utérus pendant la grossesse qu’il en garde la forme arrondie après la naissance.

Ce bébé accumule ici beaucoup de risques orthopédiques :

–       Un torticolis évident (qui donnera une plagiocéphalie)

–       Un corps en « virgule » avec forte convexité droite ou gauche

–       Une hanche luxable ou déjà luxée

–       Des pieds malpositionnés

 

2 / Le torticolis « musculaire » par atteinte du muscle principal du cou.

 

Ce torticolis survient quand un des principaux muscles du cou, le SCM (Sterno-Cléido-Mastoïdien) a été lésé, celui de droite ou de gauche.

La gêne et la douleur à la mise en tension de ce muscle conduit le bébé à choisir d’emblée de fléchir sa tête du côté de la lésion pour se protéger. D’où le torticolis puis évidemment la plagiocéphalie.

Contrairement au torticolis « positionnel » dû à une contrainte utérine pendant la fin de grossesse, ici, pour ce torticolis « musculaire », l’origine est souvent « per partum », pendant l’accouchement.

Il a fallu aller chercher ce bébé qui ne comprenait pas très bien où était la sortie…

Et pour aller le chercher, l’accoucheur ou la sage-femme, ont utilisé des manœuvres de récupération, de dégagement, de traction manuelle ou instrumentale qui ont pu entraîner un étirement des fibres musculaires du SCM.

Dans le cas de ce type de lésion musculaire, un nodule inflammatoire et réactionnel apparaît sur le trajet du muscle et peut être palpé.

 

La complication redoutée du torticolis: la scoliose cervico-dorsale.

 

Le torticolis simple correspond à une inflexion latérale du cou. Mais parfois les vertèbres cervicales ne sont pas uniquement fléchies latéralement, mais subissent également une rotation dans l’axe vers l’arrière.

Ces torticolis sont difficiles à traiter, doivent être pris en charge de manière urgente et continue pendant de longs mois.

 

Et il n’est pas rare malheureusement qu’ils n’entraînent alors rapidement une scoliose cervico-dorsale.

 

 

 

Dr Thierry Marck

 

 

 

 

 

 


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