Depuis 2006, nous disposons en France de deux vaccins contre les gastro-entérites à rotavirus (Rotarix® et Rotateq®).
Leur tolérance et leur efficacité sont parfaites et ont été démontrées (l’efficacité vaccinale persistant au moins deux ans).
La vaccination anti-rotavirus en pratique
Le schéma vaccinal des deux vaccins diffère, mais dans les deux cas, il s’agit de vaccins oraux, à boire , Rotarix : 2 prises, Rotateq : 3 prises.
La vaccination doit débuter le plus tôt possible à partir de six semaines et se terminer au plus tard à six mois.
L’administration est facile dans l’angle interne de la bouche, sans contrainte, avec la prise de biberon ou l’allaitement.
La coadministration est possible avec les autres vaccins pédiatriques usuels.
Les gastro-entérites à rotavirus entraîneraient chaque année 18 000 hospitalisations et de 7 à 20 décès chez les jeunes enfants.
Les nourrissons de moins de deux ans sont les plus vulnérables, la gastro-entérite à rotavirus pouvant avoir des conséquences cliniques graves liées à la déshydratation.
Malgré ces données, ce vaccin n’est pas encore « recommandé » par le CSHPF (Conseil Supérieur de l’Hygiène Publique de France) qui est l’instance scientifique et technique du ministère de la Santé.
Parmi les raisons données à cette non recommandation :
– L’idée que l’on diminuera la gravité des gastro-entérites à rotavirus en utilisant mieux les SRO (solutés de réhydratation orale) et en luttant contre les infections dites nosocomiales contaminations par les germes circulant à l’hôpital).
– Ces arguments sont très discutables car : les SRO n’ont aucune action chez un enfant qui vomit…
– Et le pourcentage d’infection nosocomiale serait d’autant plus bas que les enfants atteints de gastro-entérite ne seraient pas hospitalisés pour disséminer les germes alentours et pour diminuer le pourcentage d’enfants hospitalisés, quoi de mieux que de les vacciner avant !
– En fait, le vrai problème est celui du rapport coût/efficacité de la vaccination, c’est-à-dire du coût du remboursement de ce vaccin.
« la non recommandation des vaccins contre les rotavirus : à notre sens, cette décision n’est pas motivée par un problème épidémiologique ou d’efficacité ou de tolérance, mais uniquement par un problème médico-économique »
R. COHEN, service de microbiologie CHI Créteil.
Actuellement, ce vaccin n’est donc pas remboursé, ni officiellement recommandé, et il coûte cher aux parents (au minimum deux fois 65 euros) et aux mutuelles (que certaines prennent en charge) et provoquent une discrimination aux soins par l’argent.
Le coût pour l’État : il serait de 28 à 52 millions d’euros (consultation, hospitalisation)
Le coût social est important : journée de travail perdue par les parents et coûts supplémentaires de garde.
Alors que cependant :
– Les sociétés savantes pédiatriques européennes,
– Le groupe de pathologies infectieuses pédiatriques,
– L’AFPA (association française de pédiatrie ambulatoire)
– Le groupe francophone des pathologies gastro-entérologie et nutrition pédiatrique,
« Affirment que la vaccination systématique des nourrissons sains en France est une nécessité »[1]
Ces prises de position influenceront-elles le CSHPF pour qu’il décide finalement de recommander la vaccination et donc permettre son remboursement par la Sécurité Sociale ?
L’avenir le dira !
En attendant, pour les parents qui souhaitent vacciner leur enfant : interrogez votre mutuelle et sachez que le prix d’achat des vaccins recommandé par les fabricants est parfois allègrement surélevé dans certaines officines. Parlez-en à votre pharmacien !
Source :
Vaccination contre le rotavirus : où en sommes-nous un an après, l’avis du CSHPF. Docteur Alain MARTINOT (Lille) Pédiatrie pratique n° 196, mars 2008.
Vaccination anti-rotavirus : quoi de neuf en 2009. Professeur Ph. REINERT, Créteil – abstract pédiatrique n° 230, décembre 2009.
[1] Professeur Ph. REINERT, abstract pédiatrique n° 230, décembre 2009.