Boire le lait ! C’est le cœur des immédiates préoccupations !
Celles du bébé qui ne vit et ne « pousse » que parce qu’il boit bien, celles de la mère qui met toute son énergie à bien nourrir son enfant.
Il n’est donc pas surprenant que ce sujet de l’allaitement, au sein ou au biberon, soit encore celui de bien des inquiétudes et de questions.
Avec, hélas, la persistance d’affirmations confuses ou contradictoires auxquelles il faut définitivement tordre le cou !…
D’emblée, la maman se pose trois questions, surtout pour son premier bébé :
-Quand faut-il donner à boire ?
-Quelle quantité ?
-Combien de temps faut-il attendre avant de redonner le sein ou le biberon ?
Pour certaines mères, ce genre de questions peut paraître un peu farfelu, car elles sont de celles qui cultivent… tout simplement le bon sens et agiront donc de manière très pragmatique.
Mais pour de nombreuses autres mamans, c’est tout le contraire.
Elles veulent connaître les « règles » qui répondent à ces questions, car elles savent, mais sans les connaître vraiment, que des règles existent.
L’instauration de ces règles pouvait sans doute se justifier il y a 50 ans, lors de l’introduction sur le marché des lais premiers industriels.
Quand le « modernisme » consistait alors à abandonner l’allaitement maternel au profit des laits concentrés puis en poudre.
Aujourd’hui, le souvenir de ces directives demeure.
Encore souvent ravivé par une médecine qui a parfois du mal à parler, à expliquer et qui préfère continuer dans ses habitudes « réglementaires ».
Il n’y a pas de règles, seulement un seul et grand principe : écouter son enfant !
C’est l’allaitement à la demande ! qui consiste à donner à boire à l’enfant :
-Quand il réclame
-La quantité qu’il veut
-Et selon son rythme de faim
Attention cependant ! Allaitement à la demande ne veut pas dire : laxisme, anarchie ou esclavage.
S’il faut respecter les besoins du bébé, savoir l’écouter, cela ne veut pas dire que la maman n’a pas à intervenir pour organiser le rythme de l’enfant : Rythmes nuit / journée, prise de lait / sommeil, alimentation / câlins.
Quelques conseils donc.
1-Ne pas confondre besoin de boire et envie des bras
A l’affût du moindre « bruit » ou pleur de l’enfant, la mère aura d’emblée tendance, dans les premiers jours, à donner très souvent à boire au nourrisson dès qu’il émet le moindre petit bruit, de peur de passer à côté de ce besoin de lait.
Elle s’apercevra vite que l’enfant qui avait déjà bu, par exemple, il y a une heure, n’a bien sûr pas très faim.
Il s’est arrêté de pleurer une fois dans les bras, a tétouillé quelque peu et… se sent très bien dans les bras de sa mère.
Une fois posé dans son lit, les pleurs reprennent. Là, les choses sont claires, l’enfant n’a pas faim, il veut rester dans les bras.
Il faut que la maman reconnaisse rapidement ce petit jeu, ce besoin légitime de plaisir, pour ne donner à boire que lorsque l’enfant émet de façon nette des signes de faim.
Sinon, c’est l’anarchie et très vite l’épuisement maternel physique et psychologique.
Il faut respecter l’envie des bras, le plaisir du contact, mais ne pas forcément prendre ce plaisir pour un besoin alimentaire à combler.
2-Savoir intervenir pour organiser le rythme de l’enfant
Rythme nuit – journée
Rythme éveil – sommeil.
L’enfant met plusieurs semaines pour s’adapter aux deux rythmes différents que sont le jour et la nuit, et la mère se lèvera donc un certain temps… la nuit, pour nourrir son enfant, car l’estomac du bébé crie alors autant famine à midi qu’à minuit.
Au bout d’un mois environ, si certains enfants font une nuit quasi complète, d’autres réveillent leur mère encore une fois en pleine nuit.
D’autres continuent à boire allègrement aussi bien le jour que la nuit, d’autres encore peuvent pousser le vice jusqu’à plutôt dormir le jour et boire la nuit !
Que faire ?
D’abord, dans la journée, évitons que bébé ne dorme au-delà de cinq heures d’affilée.
Au bout de 5 heures de sommeil, donnons-lui à entendre un morceau de musique classique. En cas de sommeil persistant… Peut-être préfère-t-il du jazz ?
Il finira par se réveiller, et vous verrez que si l’on dit « qui dort dîne ! », il est aussi vérifié que « bébé réveillé a faim ! ».
Au cours de la nuit, diminuons progressivement les rations pour habituer doucement l’enfant à moins boire en nocturne…
Essayons en tout cas de diminuer de 30 en 30 cc les doses de biberon.
Et si cela marche… de ne donner qu’un peu d’eau les quelques fois où l’enfant se réveillera encore.
Essayons aussi de donner la première prise de lait du matin dans une fourchette horaire identique tous les jours, à la demi-heure près.
L’enfant pouvant ainsi s’appuyer sur une base de départ qu’il intègrera ensuite à son propre rythme.
Avec ce système :
- Début alimentaire à une heure choisie,
- Pas plus de 5 heures de sommeil de suite dans la journée,
- Diminution des rations la nuit,
Vous arriverez plus facilement à câliner votre enfant le jour et à dormir la nuit. Peut-être…
Souvent, il faut bien l’avouer, les meilleurs plans volent en éclat et rien n’est vraiment assuré.
Si la mère allaite, c’est encore plus délicat, l’enfant aimant pendant longtemps dévorer le sein en pleine nuit. Grandeur et servitude de l’allaitement maternel !
Dr Thierry Marck