Mamans en forme

La grossesse et l’accouchement sont d’énormes épreuves physiques.

 

Un nouveau né occupe plus qu’à temps plein nuit et jour.

La période des suites de couches est une période d’adaptation brutale, physique et psychique qui chamboule toute l’organisation quotidienne, les rythmes et la vie du couple.

Côté physique, la fatigue et la sensation d’être totalement débordée, sans aucun moment pour soi et pour le partenaire dominent complètement la nouvelle maman.

La réponse cohérente, donnée par toutes les cultures traditionnelles est le repos, la mise hors circuit, le recentrage sur les deux priorités vitales : se remettre pour la mère et assurer le bon « démarrage » du bébé.

Pour cela, elle est déchargée de toutes les tâches habituelles même de faire à manger, de s’occuper des aînés et de l’entretien de la maison.

La communauté des femmes prend tout en charge pour qu’elle se consacre à l’essentiel : son enfant ; et l’on s’occupe d’elle pour assurer sa remise en forme.

La nourriture est adaptée, il y a des massages, des manœuvres qui n’ont rien à envier à l’ostéopathie moderne, des bandages, des boissons qui aident à « purger le corps, l’utérus, le sang », c’est-à-dire à éliminer.

La chaleur humide est présente dans tous les rituels afin de faire « transpirer » l’accouchée.

En un mot la «Thalasso » post-natale précoce est une pratique retrouvée sous toutes les latitudes même dans les habitats les plus pauvres !

Chez nous, le couple est isolé et la femme doit assurer le quotidien.

Puisque la grossesse n’est pas une maladie, elle doit vivre une vie « normale ». Néanmoins, on ne commencera la rééducation périnéale qu’après six semaines – dit-on – et le  sport est interdit avant la dite rééducation…. !

Elle n’est donc pas « protégée » des efforts mal conduits, des stations debout, des portages, et ne fait rien pour se remettre en forme et se faire plaisir au niveau corporel avant deux ou trois mois minimum.

Ce qu’il faut faire

Etant donné les conditions de vie, la carence d’aide, il est important que la maman puisse faire quelques étirements et de la relaxation tout en s’occupant de son bébé.

Elle peut profiter du portage, des tétées, pour se remuscler en douceur, renforcer son dos, ses jambes, ses abdominaux sans générer de fatigue et sans risque pour le périnée.

La bonne statique debout est essentielle, le bon positionnement pour allaiter ou donner un biberon aussi, les positions assises étant toujours mauvaises.

En résumé :

Il est possible et souhaitable de faire un travail corporel adapté dès les premières heures après l’accouchement, dès le premier lever.

Il faut se protéger de la gravité, des pressions abdominales qui sollicitent le périnée et travailler sur le placement et la respiration.

Il est essentiel d’avoir un bon porte bébé, de s’aider d’une ceinture pour les stations debout, de bien utiliser le coussin de positionnement, si vous l’avez, pour s’installer en détente pour l’allaitement ou pour se reposer.

Si le papa est disponible pour des massages simples et des étirements, il peut apporter un bien être particulièrement appréciable en quelques minutes.

Il faut lutter contre la constipation, ne pas pousser pour aller à la selle, aménager la position aux toilettes…

 Tous les efforts doivent être réalisés sur l’expiration avec utilisation du périnée qui doit être mobilisé dés les premiers changements de position, même en cas de cicatrice.

Le travail précoce du périnée

Le travail précoce du périnée est fondamental

Après l’accouchement, il est communément admis qu’il faut rééduquer le périnée, c’est-à-dire, pour beaucoup de femmes, découvrir comment le contracter et le renforcer, mais il est encore trop souvent proposé d’attendre six semaines pour faire cette « gymnastique » avec un professionnel spécialisé.

La raison invoquée est que le périnée est faible en cette période à cause des hormones… il faudrait donc attendre qu’il soit fort pour le protéger !

Or, c’est justement dans cette période de faiblesse qu’il faut éviter de pousser dessus toute la journée et gérer les efforts de façon à ne pas diriger de forces versle bas, mais au contraire de chercher à « remonter » les organes (intestins, utérus, vessie) et à lutter contre la gravité.

La pratique :

1/ Apprendre à contracter le périnée :

Imaginer qu’on a envie d’uriner ou d’aller à la selle et se retenir. Si vous travaillez en position assise, vous sentirez une différence d’appui, de contact, avec le siège, une sensation de remontée des sphincters, du vagin et un peu plus d’appui sur les os à la pointe des fesses. Ne contractez pas les fesses.

Détendez et sentez la redescente du périnée.

2/ Apprendre à expirer :

Redressez-vous, dos droit, sans cambrure ni « tassement ».

Commencez par expirer, ne prenez pas d’air, il y a toujours de l’air dans les poumons.

Soufflez en partant de la contraction du périnée, en remontant les viscères depuis le bas du ventre pour refouler le diaphragme vers le haut.

Ne descendez pas la poitrine et les épaules, au contraire poussez le sommet de la tête vers le haut, grandissez-vous.

Le ventre va rentrer tout seul.

Détendez-vous et laissez l’air rentrer sans pousser pour gonfler le ventre. Il se détend tout seul.

3/ Protéger le périnée :

– Tous les efforts (soulever un poids, se pencher, se relever…) doivent être faits sur cette séquence : contractez le périnée, expirez, afin qu’il n’y ait aucune poussée en avant et vers le bas.

– Portez une ceinture de soutien du bassin quand vous êtes debout, pour vous aider à ne pas cambrer ni pousser sur le ventre. Il ne s’agit pas d’une gaine abdominale mais d’une étroite ceinture qui vous pousse à vous redresser, à faire travailler vos muscles profonds du dos et du ventre et soulage le périnée. (www.physiomat.com, voir vidéo)

4 /Questions :        

– Peut-on serrer le périnée s’il y a des fils ? (épisiotomie, déchirure)

Contracter ne fait pas mal, au contraire, c’est comme soutenir la cicatrice. Ce qui fait mal c’est de tousser, de pousser dessus…

Serrer le périnée et expirer vous protége aussi des douleurs dues aux mobilisations des articulations sacro-iliaques (douleurs souvent appelées sciatiques de la grossesse) et de la symphyse.

Le but n’est pas simplement de mobiliser la cicatrice, ce qui évitera qu’elle durcisse et reste douloureuse, mais aussi de tenir le bassin et de faire travailler les abdominaux du bas du ventre, les plus importants quand on est debout.

– Y a –t-il un intérêt à travailler le périnée si on a eu une césarienne ?

Bien sûr car le fait de faire des efforts en expirant à partir du périnée empêche de pousser sur le ventre… Vous aurez beaucoup moins mal dans vos changements de position et vous commencerez à travailler les abdominaux du bas du ventre, là où vous placez vos mains pour « tenir » la cicatrice.

Et bouger son périnée, le rendre « élastique » fait du bien à tous et à toutes, toute la vie, même quand il est intact !

 

Rédaction : Dr Bernadette De Gasquet auteur de « Retrouver la forme après bébé » Ed. Marabout pratique

A voir : Le bon positionnement d’une ceinture abdominale

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A lire : portage du nourrisson

 


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