De la naissance jusqu’à l’acquisition de la marche, le développement de l’enfant connaît une véritable révolution.
Jusqu’à 1mois1/2 – 2 mois l’enfant communique en exprimant ses besoins nutritifs, en signalant sa gêne ou ses douleurs éventuelles ; en s’apaisant dans les bras.
Pendant cette période, les parents veillent donc à combler les besoins, à bercer l’enfant, à le protéger, à détecter le moindre trouble de santé.
L’enfant dort beaucoup, il est aimé, admiré.
Vers 1mois1/2 – 2mois l’enfant sourit ! Un jour, il répond par un sourire aux visages des parents.
Ce sourire « réponse » est très émouvant car il connecte encore plus l’enfant à ses parents. C’est le lien, l’appartenance, la reconnaissance.
Même si l’enfant sourit…aussi aux autres membres de la famille ou à des inconnus comme le médecin; même s’il sourit à des grimaces du frère aîné, il exprime sa joie innocente et participe.
C’est la première preuve objective de son intelligence et de sa relation sociale.
De 2 à 5 mois c’est la période bénie des dieux !
L’enfant pousse tranquillement, il découvre les objets, il met tout à la bouche, il sourit de plus en plus, il n’exprime que peu ses frustrations ; il est heu-reux !
Et ses parents donc !
A 5 mois, l’enfant sait se retourner sur le ventre.
Il essaye vainement pendant quelque temps, puis un jour ça y est ; en basculant une jambe de côté, le reste du corps a suivi, et hop il se retrouve sur le ventre. Il découvre ce jour là sa première autonomie de mouvement.
Mais attention, l’enfant ne prévient pas de ses nouvelles prouesses…Et c’est souvent par une chute que la mère découvre cet exploit physique. Alors que l’enfant est installé tranquillement sur le dos au milieu du lit familial ou sur un canapé, la mère qui s’est quelque peu éloignée entend subitement des pleurs et retrouve le nourrisson… sur le sol ! L’enfant s’est retourné et a basculé dans le vide.
A cet âge on ne peut plus quitter d’un œil son enfant quand il est éveillé. Il n’est plus placé en hauteur mais sur le plan du sol.
Quant au change sur la table à langer, il est impératif de toujours garder une main sur le corps de son enfant pendant que l’on cherche un produit quelconque.
Vers 5/6 mois, on sent que ça change. Quelque chose le démange ; il est moins calme, pique des colères quand on le change ou le baigne. Il ne se calme que dans les bras, et il faut le promener en permanence dans la maison, ou dehors dans le porte-bébé ou la poussette.
Le chéri deviendrait-il capricieux ?
Non, il est tout simplement frustré ! De quoi ? De regarder ce satané mobile et le plafond, de rester allongé sur le dos, de ne rien voir de ce monde si plein de choses si attirantes.
Il est si content par contre d’être placé et soutenu assis, puis d’être mis debout et soutenu ; si fier d’utiliser ses membres, de regarder alentour. Il a la banane ! Ses yeux pétillent, il est fier et heureux.
Mais n’est-ce pas dangereux de le mettre assis ou debout ? Son dos ne va t-il pas se tasser ? ses jambes ne vont-elles pas s’arquer ? Bien sûr que non ! Comment l’enfant pourrait-il un jour marcher s’il n’était pas mis debout avant ? Comment pourrait-il « rester » assis si on ne l’aidait pas à découvrir cette position ? Quand aux moments adéquats pour l’installer assis et debout, seul l’enfant les connaît. S’il n’aime pas, il vous le fait savoir en chignant ou pleurant ; si par contre il sourit, c’est bien le bon moment.
Ce que l’enfant aime faire et sait faire, c’est forcément bon pour lui !
Donc veuillez passer outre les conseils éclairés des puéri-dictateurs en herbe ou diplômés, et faites plaisir à votre enfant. Il vous le rendra bien par sa joie. C’est l’enfant qui fabrique les parents, c’est bien connu.
Évidemment, fini le plan-plan ! Ce que l’enfant apprécie, il veut le retrouver, comme toujours…
Vous vous êtes « occupé de » votre enfant jusqu’à présent, maintenant il va falloir « l’occuper ! » Et jouer !
A 6 mois ½ il tient assis seul. Au début, il restait penché en avant et se soutenait avec ses mains, maintenant ça y est. A force de connaître cette position, il s’est musclé et équilibré ; et il tient assis tout seul, son dos bien droit au dessus d’une assise fessière élastique et bien rembourrée.
Et là…assis et bien calé, que fait l’enfant ? Il fait le tour de son nouveau domaine, comme tout nouveau propriétaire. Que vois-je ? Un doudou ? Un cube ? Un trousseau de clés multicolores ?
Goûtons voir ! Et ce n’est que joie d’apercevoir, puis prendre en mains, puis mettre en bouche.
Dès que l’enfant tient seul assis, il a besoin de jouer et découvrir.
Besoin de jouer avec un parent qui prendra un objet, le lui tendra, le récupérera une fois que l’enfant l’aura goûté et lâché, et recommencera avec un autre. Ce jeu peut durer longtemps…Et comme il plaît, tout le monde est content.
Quand le parent siffle la fin de la récréation, parce qu’il faut bien aller s’occuper de la maison, l’enfant sera placé dans son parc ou dans un espace sécurisé, les jouets autour de lui.
Mais attention, le calme et la tranquillité ne sont pas assurés. L’enfant se lasse vite des jouets trop connus ; il veut du neuf ! Et s’il pleure, cela veut peut être dire : « Écoute maman, ce cube rouge, ce rond vert, j’en ai marre, je les ai inspecté, sucé, mordu, ils ne m’intéressent plus, tu ne pourrais pas aller m’acheter d’autres trucs à me mettre sous l’œil ou sous la dent ? »
L’enfant ayant besoin de nourrir un cerveau avide de découverte, il va falloir lui procurer des formes, des couleurs, des textures différentes de manière régulière. Sinon, l’enfant s’ennuie ! Et le manifeste en pleurant ou en s’agitant.
De 7 à 9 mois, l’enfant ne marche pas encore, mais les parents, eux, beaucoup!
Les étapes s’accélèrent.
L’enfant qui n’aime plus du tout être sur le dos, sait de retourner rapidement sur le ventre, se met alors à ramper en poussant sur ses pieds, va chercher un objet puis se met tout seul assis et peut tout à loisir observer et goûter sa nouvelle proie.
C’est dire que la sécurisation de son espace est importante. Il faut en permanence vérifier qu’il ne peut pas atteindre un objet dangereux.
Bientôt, ramper comme un sioux ne lui suffit pas, il passe à la vitesse supérieure et découvre les joies du 4 pattes. Allure lente et prudente au départ ; mais c’est bientôt speedy-baby, véritable drône à tête chercheuse, avide d’aller découvrir tout ce qui se trouve à sa hauteur et très doué pour dénicher l’impensable.
Et si le 4 pattes est trop difficile, certains enfants inventent la fesse-glissade. C’est un dispositif très ingénieux, consistant chez l’enfant assis, à étendre ses jambes devant lui, crocheter le sol avec les talons puis ramener les fesses vers ses pieds. Cette serpillère ambulante peut parcourir ainsi de longues distances.
C’est le moment pour les parents de faire une petite régression physiologique…et de se mettre à leur tour à 4 pattes ! Ils vont pouvoir ainsi parcourir tout le domicile, vérifier ce que l’enfant peut voir à 30 cms de hauteur, ce qu’il peut toucher, tirer, mettre à la bouche. C’est souvent très instructif ; en tous cas cela permet, au cours de ce parcours de sécurisation, d’enlever, de nettoyer, et de délimiter un espace dans lequel l’enfant pourra évoluer sans danger.
Les prises électriques seront sécurisées, le sol et le dessous des meubles vérifié, les fils rangés.
Une grande partie du domicile va désormais se transformer, car vous n’êtes plus chez vous…. C’est le bébé qui est chez lui. Et encore ce n’est que le début !
Mais bien sûr, marcher à 4 pattes, se relever sur ses 2 jambes, finalement ça épuise ! Une seule solution pour continuer l’exploration, se balader dans un baby-trotteur (voir chapitre) et surtout réclamer les bras. Le trotteur, c’est génial mais souvent l’espace d’action est réduit, tandis que les bras, ça repose, et puis on voit tellement de choses plus intéressantes là haut !
C’est l’époque dure pour les parents qui deviennent un peu des esclaves marcheurs et porteurs, prisonniers qu’ils sont de l’envie permanente de l’enfant d’aller ici, puis là, pour voir, toucher.
L’enfant qui ne marche pas encore a besoin d’un véhicule de substitution pour accumuler le plus de sensations nouvelles. S’il ne les obtient pas, sa frustration s’exprimera par de l’agitation ou des pleurs.
On ne dit pas « non ! » à l’enfant de cet âge, on le laisse découvrir, en sécurisant son périmètre d’action. On accepte d’être à sa disposition et de le porter pour l’emmener découvrir de nouvelles choses. Si l’enfant est gardé par une nourrice, il est judicieux de vérifier son degré de disponibilité pour venir combler ce besoin impérieux d’exploration.
De 10 à 12 mois : L’enfant grimpeur.
Bientôt, en prenant appui sur un meuble, l’enfant se met debout. Et debout, il peut lever son bras et atteindre tout objet à 80 cms du sol. Il faut alors tout revoir dans l’organisation du domicile et tout cacher ou relever d’autant.
L’enfant s’accroche à tout, voudrait tout escalader et, bien sûr, risque de basculer.
Poser l’enfant pour vaquer tranquillement aux tâches domestiques devient une gageure. Assis par terre, l’enfant réclame vite les bras, ou n’apprécie plus longtemps de rester seul dans son parc. S’il est en dehors de son parc, son côté kamikase oblige la mère à le suivre pour le surveiller. Bref la mère ne peut plus rien faire pour elle. Elle ne peut finalement que prendre l’enfant avec elle, dans un bras et faire ce qu’elle à a faire de l’autre. Difficile et épuisant.
Son trotteur, il n’en veut plus ! II préfère se mettre debout tout seul et avancer ses jambes en s’appuyant sur tout et n’importe quoi.
Quelle époque ! Vivement qu’il marche le bougre !
Il marche !
Enfin !
Ça y est, il marche ce bébé ! Vers l’âge de 12 mois, ou plus tard ; parfois beaucoup plus tard.*
Fini les bras, je suis un grand !
C’est la fin d’un chapitre de vie;
Le petit d’homme est devenu bipède !
Il est tellement heureux et fier que parfois il fait de belles ruades dans les bras et veut se remettre au sol. Et gambader, et tomber, et se relever, vivre sa vie quoi !
Il va falloir le suivre dans ses aventures, courir après lui, le surveiller d’encore plus près.
Il marche, certes, mais c’est lui qui va vous faire marcher ; pour longtemps !
Les parents n’ont plus qu’à se muscler les bras et le dos….en attendant.
Quant aux bébés possédant d’autres structures génétiques, la marche est souvent plus précoce.
D’un bébé africain qui ne marche pas encore à 9 mois, on dira de lui qu’il est paresseux !
Chacun son programme !
*l’enfant « blanc » occidental marche vers 12 mois. Des retards de tonus physiologiques sont très fréquents. Et il n’est pas rare de ne voir marcher un enfant qu’à l’âge de 16, 18 ou même 20 mois.
Rédaction: Dr Marck